Re: Le romantisme de l'Orgue
Dites donc, il y a un truc que je serais bien content de connaître un jour, c'est comment on en est arrivé à cette signification bâtarde du terme "romantisme". À mon avis ça doit être un truc sordide comme sait en fabriquer la toute puissante "sagesse populaire", celle qui croit qu'une belle campagne avec des champs de blé et de colza, ou la forêt landaise, c'est "la nature". Parce que bon, aujourd'hui, si vous voulez que votre voisin vous dise que vous êtes romantique, vous avez intérêt à lui parler de clichés et d'amourettes, plutôt que de lui parler d'aller observer la puissance de Jupiter à l'oeuvre à Chamonix. Je me demande si ça vient pas de Goethe et de sa Frédérique ou de sa Charlotte, mais alors c'est vraiment que le pékin moyen s'intéresse surtout à l'arbre qui cache la forêt... :R):R):R)
Edité Vendredi 23 mars 2007 :23:43 par Hallberg
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Pour reviendre à nos bleus moutons (ce sont des moutons vinéens), Pearl vient de me restituer mon exemplaire de l'Astrologue avec la postface (dommage que cette édition soit apparemment épuisée et que les derniers tirages ne l'ont pas), je le relis, et je trouve l'affirmation que les décors ramènent l'homme à sa mesure. C'est-à-dire, dans ce cas, une mesure fort modeste face aux élements, face à leur puissance, qu'elle soit déchaînée par les cieux ou les hommes. On aurait tort de dire que le décor (au sens le plus large du terme) ne fait "que" mettre l'ambiance, tant cette ambiance est tout. Ici le lecteur se trouve face à l'un de ces cas où s'arrête le pouvoir des mots, où quand on les utilise, ils ne sont que des passeurs du ressenti. Devant la majesté, faite tantôt de violence, tantôt de sérenité, de notre environnement, l'homme romantique est dans une sorte de contemplation active, parce qu'il ressent.
Il y a quelque-chose que je trouve absolument extraordinaire, c'est cette impression que me donne Le Septième code. Avec sa construction en arche, du jour au jour, en passant par toutes les heures de la nuit (du reste, graphiquement, c'est à mon avis l'album où la couleur "parle" le plus), et avec ses images initiale et finale au dessus de l'imensité du fleuve. D'accord, les personnages ont évité une destruction terrible, ils ont résolu un mystère. Mais quelque-chose là dedans, entre le déroulement serein du temps et le fleuve qui passe, majestueux, me donne l'impression que les emportements, les empressements des hommes sont peu de choses par rapport à la "longue durée" du temps des astres et des fleuves...
Sujet écrit par Hallberg le vendredi 23 mars 2007 à 23:58