Le probleme est aussi, en art, le droit a la critique et sa légitimité. Là ou l'auteur a le choix entre indifférence, prise en compte et indignation, nous autres spectateurs-lecteurs pouvons parfois réagir avec notre amour propre. Il n'y a aucune raison de s'en offusquer: une critique contraire à notre propre avis n'est pas une remise en cause de la justesse de notre goût. En l'occurence, que quelqu'un puisse juger "très mauvais" l'un ou l'autre des albums ne me dérange pas outre mesure, et je n'irai pas crier à l'iconoclasme...

Je suis un peu interloqué face au phénomène "Mieke". Ce personnage fait partie de toute une série de caractères que Leloup a plus ou moins "promis" de développer un jour (exemple type: Hégora, dont le caractère tourmenté vallait bien qu'on donne suite a sa promesse d'amitié au début des [/i]Exilés[i]). Sauf qu'un "cas" vraiment gratiné comme Hégora attend tranquillement dans sa cité de l'abîme que l'auteur s'y intéresse, tandis que Mieke, elle, a trouvé moyen d'attendre en se débrouillant pour être toujours en vue. Sa solution d'attente - la cuisine - est donc à la fois un boulet pour l'auteur et la promesse d'une réhabilitation plus rapide : Leloup ne va sans doute pas traîner Mieke aussi longtemps qu'il peut faire dormir Hégora...

Quant à l'intérêt que je trouve à cette illustration vivante (au sens propre) du paradoxe spatio-temporel parlant le néerlandais du XVIe, il est tempéré par le rôle de "fixateur de Pol" du personnage. Finie, la course aux baisers de Khany. Le Pol en liberté est un spécimen qui peut survivre indéfiniment en électron libre, puisque raleur et dragueur. D'où son potentiel d'animation de l'histoire dans certaines situations. En revanche, Vic, son caractère paternel, ses bons tuyaux et son attitude de chevalier servant moralisateur à l'occasion peuvent devenir étouffants parce que le brave complice joue trop souvent le rôle d'auxiliaire sans créér lui-même de situations, ce que font Pol et Khany, entre autres. Quand Yoko se noie dans une foule d'autres confidents, comme c'est le cas actuellement, c'est Vic qui disparait du paysage pour ne subsister que dans l'une de ses fonctions les moins intéressantes: piloter des trucs et des machins en tous sens. Quitte à faire hurler, je serai donc tenté de dire que c'est Pol qui devrait provisoirement se ranger (et, par exemple, pouponner tranquillement), car sa position de jeune homme sage, de l'aveu même de l'auteur serais-je tenté de dire, ne sert plus beaucoup le récit en ce moment. Peut-être serait-il temps d'écarter très provisoirement le bon père de famille potentiel pour laisser la place à d'autres de se révéler: Mieke, l'opération [/i]sauvez Khany[i], et, si je puis encore oser vous bassiner avec celle-là ;;-) , l'éventuelle explication avec Hégora...