Re: Géographie poétique.
C’est vraiment dommage de laisser tomber un tel sujet… j’ai pendant longtemps dessiné des cartes et plans de contrées imaginaires, et une des choses qui m’a fascinée dans Tolkien était justement la création de contrées imaginaires dans les plus petits détails (les différents peuples, leur langue, leurs coutumes, leur habillement, leur histoire…). Je crois que le livre auquel il a été fait allusion est « Le Dictionnaire des lieux imaginaires » qui est en effet un livre excellent. Cependant un peu plus de développement ne ferait pas de mal plutôt que de seulement citer le nom…
Hall parlait de lieux « poétiques », c’est-à-dire de lieux existants, mais quelque peu modifiés ou d’une sorte de mélange de lieux existants. Ce sont donc des lieux réalistes à défaut d’être entièrement réels.
En fait si j’essaie de faire la distinction entre lieux poétiques et lieux imaginaires je dirais que les lieux poétiques sont entièrement réalistes (pourraient réellement exister), par exemple ils respectent les lois de la physique qui régissent notre monde. Alors que les lieux imaginaires (ainsi qu’entre autre les créatures imaginaires qui les peuplent) sont inspirés d’éléments du réel, mais la mise ensemble est invraisemblable (même si un bon auteur arrive à nous les rendre vraisemblable, une fois qu’on a accepté une part de merveilleux) – je me rappelle du passage d’un auteur latin qui démontrait pourquoi les centaures étaient invraisemblables : le cheval et l’homme n’ont pas la même nourriture, ne vieillissent pas à la même vitesse, etc.
Il me semble que Yoko (du moins les albums « terrestres ») se place plutôt du côté du poétique : il y a une explication scientifique aux mystères que Yoko rencontre dans l’orgue du diable, l’or du rhin, la proie et l’ombre… Mais il est difficile de faire vraiment la distinction entre poétique et imaginaire tout l’art consiste à glisser de l’un à l’autre sans choquer le lecteur qui peut alors « tout » accepter. Les Vinéens par exemple, sont biologiquement assez proches de nous pour que je les considère comme vraisemblables… (je n’ai pas les connaissances scientifiques nécessaire pour juger par contre si la technologie vinéenne respecte les lois de la physique de notre monde – d’ailleurs une telle analyse n’apporterait pas réellement grand’ chose, j’en ai l’impression –, mais elle est présentée de telle façon à ce qu’on peut tout à fait y croire).
Quand à savoir si Vinéa pourrait figurer dans le dictionnaire des lieux imaginaires je répondrait oui sans hésiter, tout comme les mondes de valérian, par exemple. Mais si mes souvenirs sont bons les auteurs se sont plutôt focalisés sur la littérature « classique » (probablement pour limiter le nombre d’information, car avec toute la science-fiction qui existe on pourrait remplir des centaines de tomes d’encyclopédie, rien que toutes les informations fournies par Leloup dans ses BDs suffiraient à la rédaction d’un dictionnaire en soi).
En fait si j’arrive à ce point à « entrer » dans les albums de Yoko et m’imaginer les vivre aussi, c’est peut être justement parce qu’elle reste très proche de la frontière entre l’imaginaire et le poétique… D'ailleurs même dans la vie réelle il est des situations inexplicables qui font qu'on se situe à cette frontière là - j'ai quelques exemple en tête, mais on partirait quelque peu en hors-sujet j'ai l'impression.
Sujet écrit par Eli le samedi 25 juillet 2009 à 10:52