Re: 7e code , da Vinci Code, m

C'est vrai, il y a des auteurs qui ont du Graal une vision très belle et originale. Je pense à Moorcock dans "le chien de guerre et la douleur du monde". Et quelle plus belle quête pour un chevalier ? Or Yoko, l'est, un chevalier !

Le mythe du Graal a été popularisé par les cisterciens au XIIe siècle. Ce sont eux qui en ont imposé l'image comme celle de la coupe du Christ utilisée lors de la Cène, et dans laquelle Joseph d'Arimathie aurait recueilli le Précieux Sang lors de la Passion, mais cela ne veut pas dire qu'il n'y ait pas d'autres interprétations.
Dans le Parzifal de Wolfram von Eschenbach le Graal est taillé dans l'émeraude provenant du front de Lucifer, et qu'il a perdu au moment de sa chute.
Pour ce qui est du mot lui-même, on ignore sa signification. De l'occitan "grazal" = grès, peut-être, car il semble que ce soient les milieux proches des troubadours (dont faisait partie W. v. Eschenbach) qui aient contribué à élaborer la légende en en faisant une quête de perfection ? Le rapprochement moderne avec les cathares tient au fait que le poète allemand situe le château du Graal à Montalvat en pays d'Oc, ce qui est très certainement Montségur, la forteresse où les derniers cathares se sont retranchés et ont été brûlés en 1244. A partir de cela, certains auteurs farfelus se sont imaginés que la signification de "saint Graal" était en fait "sang réal" (le sang royal) et ont bâti toute une théorie sur la lignée du Christ et de Marie-Madeleine. Mais, si l'on y regarde de près, il faut vraiment être tordu pour faire un lien entre le Graal cistercien et les cathares, qui de toutes façons n'étaient pas chrétiens, avec une philosophie dualiste parfaitement païenne. Le Parzifal allemand, dont s'est inspiré Wagner est plus ambigu, c'est vrai, au point que le lien avec les cathares ne peut pas être totalement réfuté. Il y a cette obsession de la pureté du sang dont doivent faire preuve les chevaliers pour entrer dans l'ordre. On peut faire un lien entre la pureté morale des parfaits cathares. Mais c'est sans doute une vue de l'esprit. La chose a plus à voir avec l'idéal aristocratique, convaincu de sa supériorité "raciale" (il n'y a qu'à observer les représentations de vilains au Moyen-Age pour s'en convaincre : tous affreux, sales, bêtes et cruels, de vrais animaux, c'est pire que dans "les Visiteurs" !) Bon je ne ferais pas de commentaires sur la survie de cet idéal de la pureté du sang dans l'idéologie SS, ce n'est pas mon sujet !

Brown n'est pas le premier à reprendre l'idée de "la lignée royale du Christ" en littérature. Il y a Peter Berling, je crois avec "les enfants du Graal".
Pour le reste, le mythe du Graal, dans sa signification profonde, n'a rien à voir avec ces fumisteries. Il est relié étroitement à la dynamique propre des récits arthuriens, lesquels atteignent leur plein épanouissement avec Chrétien de Troyes, au XIII e siècle. C'est lui qui, dans son Perceval, décrit pour la première fois le château du Graal avec la procession de la lance, du Graal lui-même représenté comme un plateau et non comme une coupe. En fait, le château se trouve dans la "Gaste terre", la terre déserte, et le roi est malade. Le Graal en serait le remède mais il faudrait que Perceval pose une question, ce qu'il ne fait pas... Il s'enfuit.
Plus tard, les cisterciens ont développé la légende de Galaad, le chevalier parfait, modèle des templiers, dont l'ordre fut créé par St Bernard de Clairvaux. C'est Galaad qui trouve finalement le Graal et sauve le royaume. Le film de John Boorman, inspiré d'un texte anglais tardif montre d'une manière magnifique les effets produits par la sainte coupe : la terre reverdit et les arbres refleurissent !
Si l'on cherche bien on peut faire un parallèle entre le Graal et un vieux thème celtique : celui du chaudron d'abondance du dieu irlandais Dagda mais je n'en dirai pas plus, cela me mènerait trop loin. J'ai déjà assez kaldoposté comme cela et ça m'a donné soif !



-Edité le: Samedi 10 septembre 2005 à 01:57 par Lucterios-


Sujet écrit par Lucterios le samedi 10 septembre 2005 à 01:54

[ Imprimer ] - [ Fermer la fenêtre ]