Re: Une rencontre inattendue
Il y a juste un truc par rapport à la comparaison avec Hergé. C'est une convention littéraire vieille comme le monde qui vise à raconter un récit comme étant une histoire vraie que l'auteur se contente de rapporter. Par exemple, dans la préface de Gulliver, Swift joue à se placer comme "éditeur" rapportant les propos de Lemuel Gulliver qu'il dit être un de ses amis. Pour apporter une complicité avec le lecteur, Hergé a présenté Tintin comme étant un "vrai" journaliste du "Petit XXe" dont il ne ferait que rapporter les récits, et pour ce faire, il avait été jusqu'à organiser une cérémonie de retour de Tintin, après son premier voyage en Russie, avec un sosie... On trouve dans d'autres séries la même convention. Ainsi dans Pilote, une lettre signée de Michel Tanguy avertissait les lecteurs qu'il venait de vivre une aventure passionnante avec son ami Laverdure, et qu'il confiait à Uderzo et Charlier le soin de la raconter... Cette convention n'a jamais existé, à ma connaissance, dans Yoko, qui est un récit présenté de la façon traditionnelle sans qu'on nous dise que le personnage existe vraiment - ce qui n'oblige du reste aucunement à moins y croire. Seulement, l'absence de traces de cette convention rend sans objet la rencontre entre Yoko et son créateur devenant son "intermédiaire". Pour ce qui est, en revanche, de se représenter discrètement dans la foule, comme le faisait Hergé, ou sur un bas-relief comme Uderzo et Goscinny, le caractère moins démonstratif de Leloup a sans-doute un rôle à jouer.
Sujet écrit par Hallberg le vendredi 16 décembre 2005 à 18:58