Re: Mâôôôw. Divagations féline
Le collègue à qui j'ai confié la bête, avait déjà un petit matou noir qui rapportait les bouchons. Très drôle, d'ailleurs, comme jeu, même si je me demande comment il fait pour ne pas devenir débile à force de prendre des coups. Ou alors, il est déjà débile mais on a tellement l'habitude...
Explication:
Le Neuneu (pas le maître de maison, qui a depuis longtemps compris qu'il ne faut pas commencer ce jeu parce que sinon ça dure toute la journée) lance le bouchon.
Le Quadrupède part à fond de train, manque le bouchon, dérape sur le carelage et BOUM contre une porte ou un mur.
Le Quadrupède revient sur ses pas et se saisit du bouchon, et le ramène au Neuneu.
Si le Neuneu ne relance pas immédiatement le bouchon, le Quadrupède lui fait savoir son mécontentement par un moyen efficace. Parfois, il joue au sac à dos. Il attend sagement que le Neuneu passe devant le meuble sur lequel il s'est posté, et quand le Neuneu a le dos tourné, il lui bondit dessus. À ce moment, le Neuneu, ça fait comme s'il avait un sac à dos, sauf qu'en fait de sac, c'est le Quadrupède qui s'accroche. Selon la saison et donc l'épaisseur du vêtement du Neuneu, ça lui fait faire un bond et ça lui fait pousser un Rogntudjû sonore contre les griffes du Quadrupède, ou ça le fait rigoler.
J'ai donc tenté d'apprendre ce genre de truc (le bouchon, pas le sac à dos) à la Bête. Seulement la bête l'a un peu modifié. Elle poursuivait le bouchon, mais une fois arrivée dessus, elle le regardait bêtement. Il fallait nécessairement que j'aille le rechercher et que je le relance dans l'autre sens. Toutefois, il y avait un code, quand elle attendait que je lance le bouchon la Bête se postait sous un tabouret qu'elle avait l'habitude d'utiliser comme poste d'observation des bouchons volants.
J'ai tenté de la récompenser les deux ou trois fois où elle m'a rapporté le bouchon; mais en fait, comme récompense, rien ne marchait. Les caresses, elle en avait suffisamment le reste du temps (parce que j'en étais gaga), et la bouffe, ben comme elle était pas gourmande pour un sou, ça ne lui faisait strictement aucun effet. En trois mois je ne l'ai jamais entendue me demander à manger, elle ne s'est jamais précipitée sur une gamelle et le bruit de la boîte de croquettes lui était totalement indifférent.
Le cas de Gros-Doudou était passablement différent puisque c'était un chat de garde. Il se postait sur une pile du portail de la maison que nous habitions à l'époque, et il y terrorisait tout ce qui passait. Déjà, il était gros, mais le poil hérissé... Pour tout dire, il faisait véritablement la loi parmi tous les animaux du quartier, c'est le plus naturellement du monde qu'il avait attaqué quelques gros chiens et s'en était fait respecter par deux coups de patte bien placés. Quant au chien du voisin d'en face, tout simplement, nous avons failli avoir un procès à cause des mauvais traitements infligés par notre fauve.
Du reste, Gros-Doudou était une crème à la maison, qui n'a pour ainsi dire jamais rien abîmé et qui se laissait même facilement nettoyer quand il arrivait un peu crade d'une petite chasse au pinson, au campagnol ou au berger allemand. Gros-Doudou, en dehors de ses périodes d'activité extérieure intense, se comportait comme une carpette sur le canapé, et il eut été assez facile pour nous de nous asseoir dessus sans qu'il râle. Pour les visiteurs, c'était assez différent, il les toisait pendant une heure avant de décréter s'il devait les virer ou leur faire la fête.
Enfin, Gros-Doudou avait deux petits protégés. Le premier était un chat malingre, malade, plein de parasites et peureux qu'il nous avait ramené et dont il avait décrété qu'il s'installait chez nous. Quand mon père, la première fois, l'a foutu dehors, il l'a ramené aussitôt. Du coup, on l'a gardé et on l'a soigné. ça n'est jamais devenu un caïd, mais peu importe puisqu'il était sous la protection du parrain du quartier.
Le second petit protégé, c'était moi, bébé malingre et malade aussi, mais sans puces. Le chat s'intéressait de près à moi, mes parents ont eu peur qu'il ne m'étouffe en se couchant sur moi (risque inhérent aux chats), mais il se contentait de se coucher à une certaine distance. En revanche, il montait également la garde, fallait pas trop qu'un étranger s'approche. Enfin, quand j'ai été plus grand, je pouvais en faire littéralement ce que je voulais. Ce vieux matou énorme n'était plus très joueur, il se contentait de faire la serpillère avec laquelle je faisais la sieste. D'ailleurs, c'est resté mon modèle en la matière, mon mentor, mon maître (en matière de sieste).
Sujet écrit par Hallberg le mercredi 18 janvier 2006 à 16:05