De Lôghar à Gobol
Article posté par ΨYoko.
Paru le lundi 22 mai 2006 à 07:00
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De Lôghar à Gobol
Je suis différent. Différent des autres enfants de Vinéa. Eux ne se posent pas de questions. Ils semblent s'adapter parfaitement à cette société dans laquelle ils sont nés. Ils y ont toute leur place. Eveil par les adultes responsables de leur section, animations et apprentissages en fonction des potentialités qui ont été décelées chez eux dès le plus jeune âge. Certains seront chercheurs, scientifiques, d'autres techniciens, mécaniciens, animateurs, éducateurs... Certains auront des responsabilités, des fonctions de direction, d'autres s'épanouiront en prenant soin des enfants, ou de nos aînés... Je ressens un vide en moi. J'ai l'impression d'être désincarné, comme si je m'observais vivant avec mes pairs. Comme si j'étais là sans y être. Je ne suis pas à ma place. Les jeunes de mon groupe parlent de leurs parents, savent ce qu'ils font, même s'ils ne les voient pas tous les jours. Ils savent où ils sont, où ils vivent. Mes parents à moi existent, bien sûr. Je connais ma mère, je sais aussi qui elle est, où elle est, où elle vit, ce qu'elle fait de ses journées. Mais je me sens loin d'elle. Pourtant, elle vit dans le complexe voisin, réservé aux adultes... C'est plus compliqué qu'une simple question de géographie ou de portes à franchir. Qu'est-ce que c'est, par exemple, qu'une mère ? C'est là que se situe ce vide. Un enfant naît d'un homme et d'une femme, tout comme un animal. Et il est ensuite pris en charge par les adultes dont la fonction est de le |
faire grandir harmonieusement, de discerner ses centres d'intérêt et ses aptitudes de façon à les développer et à pouvoir les mettre plus tard au service du groupe, de la société. Voilà comment naît et grandit un Vinéen. Alors pourquoi ai-je besoin d'autre chose ? Pourquoi ai-je le sentiment qu'il me manque quelque chose ? Pour pouvoir rêver librement, sans être accusé de ne rien faire, j'ai appris à me « partager » en deux. Une partie de moi est devenue boulimique de travail, pour répondre à ces accusations de « fainéantise » dont tout petit, j'étais l'objet. Apprendre, comprendre, explorer, chercher est devenu pour moi aussi important que manger ou respirer. L' « autre moi » est apparu la nuit, et pendant tous les moments où mon esprit n'était pas occupé par mes recherches. Ma tête n'a depuis cessé de fonctionner. Dans la journée, il me fallait comprendre, analyser, chercher. La nuit, seul espace de liberté existant pour moi, je passe des heures entières à rêver, à m'interroger sur le sens de ma vie... J'ai du sans cesse m'adapter à cette société, pour pouvoir continuer d'en faire partie. Et surtout, cacher à tous mon mal-être. Auraient-ils compris ? Dans les sciences et techniques vinéennes, il est un domaine où la recherche et le développement ont atteint une maîtrise totale : celui de la médecine. Aujourd'hui, la science médiale a pris un tel essor, qu'on ne meurt plus de maladie sur Vinéa. Les cocons de mise en léthargie ont permis l'avancée de la médecine, et des thérapeutiques : les traitements peuvent être administrés pendant des années, à des patients qui ne vieillissent pas temporairement, ce qui a permis dans un premier temps de stopper un grand nombre de maladies évolutives, puis de les guérir, une fois le traitement approprié trouvé et testé. |
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