Solaris
Article posté par ΨYoko.
Paru le vendredi 26 mai 2006 à 16:17
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Solaris
constamment. On commence toujours par un paysage étendu, puis on particularise de plus en plus.
Oui. On a la même chose dans LA FRONTIERE DE LAVIE où Yoko se trouve devant la maquette de la ville de Rotenburg, ce qui permet au lecteur de pouvoir situer où il se trouve. Par exemple, si je fais une histoire à Québec, je vais faire toute l'histoire avec tout le paysage qu'on voit ici (par la fenêtre on a vue sur la Citadelle, la basse-ville et le fleuve) et puis je vais arriver indirectement sur le détail. Le lecteur a un plan, grâce auquel il peut évidemment identifier les différents éléments de lieu où l'action va se passer. Ca se fait au cinéma aussi, non?
Mais tous les auteurs ne procèdent pas aussi systématiquement.
C'est parce que ça nécessite beaucoup de travail. Les moments où on survole une ville, il faut tout dessiner, c'est du boulot.
Cela est peut-être nécessaire avec vos scénarios en particulier, dont l'action est souvent très rapide, précipitée, même. Si vous donnez un plan au lecteur, cela peut l'aider à savoir où il en est.
Oui, il y a une question de rapidité. Je prends par exemple le cas du dernier, LA PROIE ET L'OMBRE; on voit le paysage d'Ecosse. On situe à peu près où on est, c'est l'automne, et on resserre sur la voiture. C'est une formule classique de cinéma aussi, et le fait de resserrer sur la voiture, on s'élance vers elle; ce n'est pas elle qui s'élance vers nous. C'est très important. On a d'abord la première image avec la voiture et le paysage; deuxième image, la voiture en plus grand avec les personnages qui parlent; troisième image, les personnages viennent encore plus grand. Alors ils parlent et, progressivement, on arrive sur le personnage.
Il y a aussi ce qu'il faut faire quand il y a des personnages qui parlent bien souvent: il y a une petite tête, une plus grande et l'autre en avant. Je termine souvent sur l'avant-plan du personnage, surtout si le personnage va partir, en disant quelque chose au lointain; à ce moment là on va être decrescendo. On partira d'une tête à l'avant-plan. C'est de la technique, c'est la façon de donner le mouvement par l'image.
On parlait de la rapidité de l'action. Celle-ci l'est parfois tellement que les loyautés sont très mouvantes; d'une case à l'autre on change de camp rapidement et on dirait que les personnages sont quelque peu opportunistes. Par exemple, chez les Vinéens de LA LUMIERE D’IXO.
Oui, LA LUMIERE D'IXO est un problème parce que, cet album, certains l'ont aimé, d'autres n'ont pas retrouvé le classicisme de Yoko. LA LUMIERE D'IXO, c'est une histoire plus ésotérique, une histoire plus intérieure. En fait, j'ai voulu montrer Yoko d'une tout autre façon, c'est-à-dire que, d'abord, elle est dans un univers froid; c'est désagréable. On est sur une planète désagréable et je crois que les lecteurs ont aussi trouvé certaines choses désagréables. Il faut se mettre à la place de Yoko. Ils sont dans une ambiance froide et Yoko a un tour d'humour; Khâny se fâche et dit "On ne rit pas quand on est ici". Et puis après, Yoko découvre une autre femme, Myrka; comme par jeu, cette femme l'égratigne, vraiment elle ne l'aime pas. Et plutôt que de lui donner une leçon de modestie, elle se présente comme une petite vaniteuse. Et j'ai voulu montrer que Yoko pouvait aussi faire des fautes, des erreurs. Et puis alors, quand Myrka veut la chasser, la renvoyer sur sa planète, Yoko dit, simplement pour l'enquiquiner, pour l'embêter, "Moi je reste". Alors certains n'ont pas vu l'intérêt parce que, pour ceux qui aiment l'action, l'approche des personnages est plus intérieure dans cet album.
On disait de LA LUMIERE D'IXO "Scénario simple, sans grande complication" et d'autres "Scénario confus, illisible" et d'autres encore "Qualité des décors, mais scénario |
confus". En fait, il manque la suite de LA LUMIERE D'IXO, il manque un bout de l'action. C'est très complexe. J'ai dû situer toute une civilisation en un album. Et comme un ami journaliste m'avait dit "Tu devrais leur donner une religion", je me suis attardé, ce que je ne ferai plus jamais, sur de tels détails. Mais c'est un roman LA LUMIERE D'IXO; moi je l'aime beaucoup et je suis certain qu'un jour on fera des études sur celui-là parce qu'il a plus de profondeur des personnages.
Alors, forcément qu'ils changent d'un camp à l'autre parce que nul n'est forcément mauvais et tout ça dépend de leur réaction du moment. Mais il y a une journaliste qui a dit "J'ai bien aimé LA LUMIERE D'IXO, c'est une lutte entre femmes". Elle était la seule à l'avoir vu.
Effectivement, les femmes sont plus importantes dans vos oeuvres que les mâles. En premier lieu au niveau des affrontements et aussi au niveau des amitiés, des appartenances. Avec Yoko, l'amitié ou l'inimitié se crée rapidement, mais c'est toujours avec des femmes: Khâny, Eva,...
C'est vrai. C'est très féminin. Mais c'est parce que c'est plus facile pour moi de lui donner une amitié avec une femme. Je veux éviter de donner Yoko à un homme si je puis dire. Il y a Vic, bien sûr, il y a Pol parfois; de temps en temps elle s'appuie sur eux. Ce sont des amis. Mais je ne veux pas "l'offrir". C'est très ennuyeux parfois, parce que c'est un problème qui est aussi venu de la petite Poky, que j'ai adjointe à l'équipe. Je ne peux pas lui donner un homme qui s'occupe d'elle; il faut qu'il y ait une femme, Khâny. Si j'ai donc une femme qui rencontre des femmes qui accompagnent des hommes, on aura toujours des personnages inactifs en plus.
Alors l'action avec Khâny, c'était le thème des deux jumelles dont l'une avait vieilli un peu plus. Alors il y a quand même des hommes. Mais j'aime bien donner une nouvelle amie à Yoko. Il y a des hommes, bien sûr; mais quand on crée une amitié trop poussée entre une fille et un garçon, c'est souvent perçu que c'est pas possible l'amitié entre un homme et une femme, ça se termine toujours par de l'amour si l'amitié est très forte. C'est fort possible je dis, mais Yoko ne nous dit pas ce qui se passe. Elle a sa vie privée et ça n'intéresse pas le lecteur. Je fais des BD uniquement pour raconter les aventures de Yoko. Je ne raconte pas sa vie sentimentale. N'empêche que dans la prochaine histoire, qui s'appelle LES ARCHANGES DE VINEA, elle tombe amoureuse d'un robot. Et c'est après discussion avec ma femme que j'ai gommé certaines séquences parce qu'il y avait une scène où elle était tendrement endormie sur l'épaule du robot.
A la Barbarella...
Oui, c'est exactement ce que j'ai pensé. C'est dangereux, c'est dangereux. Elle aura d'ailleurs une sacrée surprise parce qu'ils ont tous la même tête; elle se dira "C'est pas possible". Je vais voir si je peux glisser Pol qui lui dira "Epouser un Vinéen bleu pour une japonaise jaune, c'est stupide; on a des enfants vert un jour". C'est Pol ça! Ca permet de ne pas prendre les choses au sérieux.
Les appartenances de Yoko sont très mouvantes. Dans MESSAGE POUR L'ETERNITE, elle s'engage très rapidement; on dirait qu'elle se pose très peu de questions sur le bien-fondé de cette mission.
C'est-à-dire que dans cet album, avec les britanniques, ce qu'elle voit, c'est l'aventure. Faut dire qu'elle est japonaise. Elle se pose beaucoup de questions lorsqu'elle rentre dans son pays dans LA FILLE DU VENT. Là, forcément ça change tout. Bon, imaginons-nous qu'il y a des problèmes au Japon. On veut bien jouer avec l'un ou l'autre, ça nous touche beaucoup moins, pour autant que ce ne soit pas avec les mauvais, les gens qui abusent du pouvoir. Mais ce qui l'intéresse elle, c'est le vol qu'elle va effectuer avec l'avion, c'est le côté aventure. Mais elle dit quand même au départ que si ça donne tant d'argent c'est que l'affaire n'est
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