Solaris

Article posté par ΨYoko.
Paru le samedi 27 mai 2006 à 02:53
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Solaris



Non. C'est un père qui veut faire revivre son enfant. Pour cela, il se trouve acculé; il ne doit pas se tromper, car s'il tue la petite Magda qui est en hibernation, il va tuer sa propre fille. Il sait que s'il réussit, on lui pardonnera d'avoir été jusqu'à voler du sang.
Le père de Khâny lui aussi se sent coupable parce qu'il a laissé le Guide suprême dominer Vinéa.
Encore là, je crois que ce qui en ressort, c'est l'amour du père pour sa fille. Il veut s'offrir à sa fille et la ramener vers lui parce que c'est tout ce qui lui reste.
II y a aussi Sir William qui est monstrueux avec sa fille adoptive.
Il n'est que son tuteur. Cela fait plus Agatha Christie, le thème du crime parfait. Supprimer celle dont il est le tuteur pour garder sa fortune.
Vos personnages travaillent dans le milieu de la télévision; il semble que vous aimez beaucoup présenter des documents, des témoins de la réalité, puisés dans les divers médiums de communication contemporains. On voit des photos, des bandes magnétiques, une pochette de disque avec la photo d'Ingrid, des hologrammes, des banques de données informatisées. Est-ce là une fascination pour le document, sous toutes ses formes ou est-ce tout simplement une façon de faire progresser l'intrigue ?
La faire progresser, oui. Par exemple, la pochette de disque situe Ingrid; c'est une organiste de talent, qui enregistre chez Deutsche Grammophon. La bande magnétique permet le passage, à la place de l'écrit, ça représente un danger dans certains cas et en même temps un fil pour découvrir l'intrigue.
Passons à la réalisation d'un album de Yoko Tsuno. Tout d'abord, comment trouvez-vous vos idées d'extrapolation scientifique; sont-elles le fruit de vos lectures ?
Oui, je lis des revues scientifiques, SCIENCE ET VIE, SCIENCES ET AVENIR, je regarde les documentaires à la télévision. Je trouve mes scénarios au hasard de ce que j'entends, de ce que je lis.
Trouvez-vous parfois dans les revues scientifiques des éléments qui, sans former la base du scénario, peuvent devenir des éléments de décor ou d'action ?
Je lis les revues scientifiques pour me documenter. Alors une fois le fil conducteur trouvé, je bâtis une intrigue avec certaines choses. Je vérifie ce que je dis, car on ne doit pas dire de bêtises. J'ai fait des recherches dans le cas des fibres optiques par exemple (pour LA PROIE ET L'OMBRE ).
Dans L'ORGUE DU DIABLE, il y en a qui m'ont dit "C'est pas possible vous montrez des sons qui sortent de l'orgue, alors qu'il s'agit d'infrasons; on ne devrait rien entendre". C'est faux, parce que dans la colonne d'air, la fondamentale est inaudible, mais les harmoniques sont audibles. C'est le son très grave et imperceptible qui crée les résonances, mais il y a des sons.
Vous documentez-vous avant d'entreprendre un album?
Cela dépend des fois. Je n'ai pratiquement pas de documents.
Mais si on prend l'accélérateur de particules de LA SPIRALE DU TEMPS, un synchrotron, il est très réaliste.
Il existe d'ailleurs, près de Düsseldorf. Par contre, celui de la Deuxième Guerre, c'est moi qui l'ai "inventé".
Construisez-vous des maquettes pour vos engins ou faites-vous des plans ?

Je ne fais pas de plans, je ne construis pas de maquettes. Je n'en ai pas besoin, la structure et les

lignes sont simples; par exemple, le triangle pour les engins vinéens.
Vos extrapolations peuvent être fondées sur des prémisses carrément "spéculatifs", mais elles sont rigoureuses une fois ce point de départ accepté. Prenez-vous conseil auprès de spécialistes ?
Non. LA SPIRALE DU TEMPS est un bon exemple; c'est Teilhard de Chardin qui disait que le temps épousait la forme d'une spirale. Nous sommes sur l'une des spires de la spirale et nous avons tendance à nous croire au centre de la spirale, alors que nous n'en sommes qu'une branche.
Vous avez-donc développé vous-même votre système d'extrapolation.
J'ai beaucoup rêvé quand j'étais jeune en lisant Jules Verne, et je lis encore. J'ai beaucoup aimé Verne; je ne me situe plus dans sa lignée. Ce qui compte chez Verne c'est l'explication; quand on fabrique du plomb, des barres de plomb, il explique comment tout se fait. Cela m'a beaucoup intéressé. Wells aussi, mais scientifiquement je ne l'admets pas. Maintenant j'aime. Jeune, je ne marchais pas avec l'histoire de la cavorite, tout ça. Maintenant je comprends ce qu'il a voulu faire.
A l'époque, la vulgarisation scientifique n'existait pas. De nos jours on montre tout à la télévision; l'enfant est "rodé" scientifiquement et je dois dépasser ce que l'on voit à la télé. Mais le dernier album est plus romantique, je dirais. J'essaie de donner plus de dimension à Yoko; comme me l'a dit une amie, dans cet album elle devient femme.
Maintenant qu'on la connue jeune fille et qu'on a appris à la respecter, maintenant, en tant que femme, elle peut montrer certaines faiblesses, certains défauts.
On me dit parfois qu'il ne faut pas qu'elle soit trop parfaite. C'est difficile en 44 planches de montrer un portrait complet d'un personnage.
Prévoyez-vous plusieurs albums à l'avance, planifiez-vous une certaine alternance entre Vinéa et le cadre terrestre ?
Oui. Pour les dessins animés dont je vous parlais, j'ai soumis 45 idées de scénarios, dont douze albums ont déjà été réalisés. Ce sont surtout des idées simples jetées sur papier.
Les ordonnez-vous selon un certain plan d'ensemble pour l'évolution de Yoko ?
Je les ordonne par mon choix. Je ne veux pas de scénarios dont l'un se rattache à l'autre. Ca m'obligerait à ce moment-là à structurer tout un plan d'avenir. Je peux bousculer à ma guise l'ordre de réalisation des scénarios. Par exemple, L'ORGUE DU DIABLE et LA FRONTIERE DE LA VIE, c'était le même scénario au départ, mais il y avait tant de matière que j'ai coupé et j'ai réutilisé le décor de Rottenburg.
Dans le dernier album, pour la première fois, la dernière case annonce la prochaine aventure.
Je n'aurais pas dû le faire.
Ca fait un peu petite annonce commerciale.
Ce n'est pas commercial. C'était simplement pour amener le prochain album; on me la reproché. Ca situe chronologiquement les albums et je ne veux plus le faire. Je veux qu'on puisse les lire l'un sans l'autre... sauf dans le cas de Vinéens où il y a une succession. Mais là, les aventures vinéennes vont se couper en deux. Les albums à suite, si je puis dire, et les albums isolés.
Revenons à la réalisation d'un album. Vous faites tout vous-même: scénarios, découpages,...
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