Schtroumpfanzine

Article posté par ΨYoko.
Paru le dimanche 2 juillet 2006 à 05:31
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Schtroumpfanzine



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Le problème primordial est celui de la page blanche. A ce stade, tous les auteurs sont égaux. Raconter une histoire en 44 planches, encore une autre contrainte. J'aime les choses simples, j'aime la clarté, j'aime être compris. C'est pourquoi je ne tiens pas à me départir d'une certaine convention. Je tiens tout particulièrement aux trames strictes, linéaires, classiques. Parallèlement, j'ai l'amour du contraste. C'est du contraste que naît la synthèse. Si le blanc n'existe que par rapport au noir, les contacts entre les êtres ne sont possibles qu'à travers les différences, c'est pourquoi j'apprécie autant les relations extra-humaines que je développe dans mes livres. Je dis cela, mais on n'est pas toujours maître de son expression.
Lorsque je me suis rendu à Rothenburg pour me documenter sur une suite possible à L'orgue du diable, je pensais à une histoire d'alchimiste. Le hasard en décida autrement. Dans une librairie où m'accueillit une sorte de fée Carabosse, je découvris un journal, Rothenburg dans la tourmente qui consignait le bombardement totalement gratuit que la ville avait subi vers la fin 1944. Ce journal reprenait la liste des victimes. Parmi celles-ci, une fillette de cinq ans et toute sa famille. Je me rendis à l'endroit où l'enfant était morte. Ma propre fille m'accompagnait. Je ne sais ce qui se passa alors. J'eus envie de changer le cours du destin. Je modifiai entièrement   mon scénario et cela a donné La frontière de la vie.
Deus ex machina.
Devenir créateur aux approches de la quarantaine, c'est difficile, mais pas plus, après tout, qu'à vingt ans. Seule importe l'envie de créer. Depuis mon plus jeune âge, j'ai toujours aimé bricoler. Cela a commencé avec les petits avions, cela continue avec la bande dessinée. Ce sont là mes deux démons: la mécanique et le dessin. Le dessin, c'est Yoko. La mécanique, c'est l'aéromodélisme. J'ai été deux fois champion de Belgique de vitesse pure avec des appareils de ma conception. Les fabuleuses machines des Vinéens, c'est la prolongation. Cette passion pour la mécanique m'a d'ailleurs longtemps bloqué dans la création de Yoko.
C'est que c'est délicat à manier, un personnage féminin. Il faut le sentir vivre en soi. Il y a tant de force et de complexité dans la femme. J'espère ne pas avoir échoué. J'ai reçu de nombreux encouragements. Ma méthode de travail n'a cessé d'évoluer. Planche par planche, mois par mois, j'en suis maintenant arrivé à planifier complètement un album. Un album, c'est une année de ma vie.
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améliore peu à peu. Maintenant, je vis avec Yoko.
Yoko n'est pas uniquement un personnage de papier. Elle n'existe pas que sur le papier et dans ma tête. C'est une approche de la jeune fille, de ma propre fille peut-être, que j'y vois. Ce n'est peut-être pas la jeune fille comme je voudrais qu'elle soit, mais comme j'aime qu'elle soit.
Pourquoi une Japonaise? Ma foi, j'aime beaucoup les Asiatiques, tes conceptions philosophiques de l'Extrême-Orient. Yoko a d'ailleurs failli être chinoise. Par-delà la résignation de la femme asiatique, j'ai voulu marquer la différence, l'écart. Yoko sait profiter au maximum du simple fait d'exister, de ce que la vie lui donne. C'est un peu ce qui m'a décidé.
Au début, Yoko n'était pas très jolie. On me l'a écrit. Cela m'a profondément peiné. Je me suis acharné. En fait, je ne l'avais pas encore en main, elle ne vivait pas encore réellement. A présent, Yoko, apparemment si simple, a acquis sa maturité et conquis sa réalité intérieure. Elle est vraiment humaine et complexe.
Le passage du réel.
Aujourd'hui, je ne pourrais plus abandonner Yoko. Je ne maîtrise plus son existence. Elle ne m'appartient plus. Les lecteurs et la réalité s'en sont emparés. Elle joue un rôle et remplit un office précis. Yoko rend heureux. Pourquoi pas? Certains s'attachent bien à une pin-up photographiée ou à une équipe de football! Si quelqu'un investit Yoko de ses rêves, l'inclut dans sa réalité, ce n'est pas tant de Yoko qu'il rêve, mais plutôt de l'amie qu'il voit en elle. On ne pense pas tant à elle en tant que femme, mais plutôt en tant qu'amie, en tant que sœur. C'est une question de dialogue.
Je trouve difficilement un terrain de dialogue avec les autres. Enfant, j'étais déjà un solitaire. Alors que les autres jouaient au football, je faisais de l'aquarelle. Automatiquement, quand on est un solitaire, on est contraint de se recréer, par la force de l'imagination, un dialogue et un univers. Yoko fait fondamentalement partie de mon univers. Je suis resté un petit garçon dans la mesure où je porte en moi la moitié du monde de Yoko Tsuno. A l'âge de dix ans, je me couchais fort tôt. Mais ce n'était pas pour dormir, c'était pour me raconter, des heures durant, des histoires fantastiques. Aujourd'hui, je me les raconte en images, c'est tout !
Monsieur Leloup, je présume?
Caricature
Né à Verviers le 17 novembre 1933, entre l'incendie du Reichstag et l'affaire Stavisky. Roger Leloup eut une enfance paisible. Très vite s'éveilla chez lui un intérêt passionné pour les avions, les robots et autres mécanismes fascinants. Voilà qui le mène à se consacrer à la petite aviation dans laquelle il s'illustrera. Le verrons-nous aviateur?
Après s'être quelque peu frotté à l'art capillaire - famille oblige -, après des cours de peinture en amateur, Roger Leloup saute le pas et s'inscrit à Saint-Luc, à Liège, où il obtient des résultats appréciables et probants. Le voilà diplômé. Le verrons-nous publicitaire?
Rien de tout cela ! Roger Leloup, entraîné sur la pente savonneuse du dessin et de la technique, a découvert très tôt et s'est pris à goûter ce vice avilissant et innommable pour l'époque: la bande dessinée. Mickey, Bravo, Bimbo, Flash Gordon l'Intrépide (dit Guy l'Éclair), le roi Akor, Le Rayon U, L'île Noire, Tarawa, mais aussi Science et Vie, Adler, Jules Verne, Wells, Jean Ray et Balzac. Leloup se place sous le signe de l'image. Sa voie est tracée: il sera dessinateur.
1950, c'est la rencontre avec Jacques Martin. Après un service militaire effectué dans les blindés, Roger Leloup, désormais perverti par le phylactère, entame sa carrière dans les chromos de la série Voir et Savoir.
Février 1953 le voit entrer dans le Studio Hergé. Les jalons se mettent en place: les avions de L'Ile Noire, la gare de Nyons dans L'Affaire Tournesol, les chaises roulantes dans Les Bijoux de la Castafiore, le jet Carreidas de Vol 714 pour Sydney, parallèlement à la réalisation pleine d'ors, de bruit et de fureur, des décors d'Alix.
Le stade suivant, c'est la rencontre avec Francis Bertrand, Monsieur Ford T, et l'adoption d'un style proche de celui de Peyo. Viennent ensuite les premiers contacts avec le journal Spirou, la participation à la conception de Jacky et Célestin, la collaboration avec Peyo, puis Tillieux, quatre pages de Schtroumpfs, la création de Vic et Pol, en compagnie desquels apparaît pour la première fois la sémillante et séduisante Yoko Tsuno, dans un rôle secondaire encore.
Lorsque, au début de 1970, Roger Leloup décide d'enfin voler de sespropres ailes et quitte le Studio Hergé, la bande dessinée gagne un nouvel auteur. Avec la création du trio de l'étrange, Yoko Tsuno devient une héroïne à part entière. A star is born. Mais cela, c'est une autre histoire, celle que racontent à ce jour huit albums passionnants.
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Commentaire n°2/2

Remonter Posté le 28/07/2006 par Silkah

 
Hé oui, de 8 à 24, bientot 25...

Le temps passe, mais l'émotion reste !!!
 
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Vous qui savez, contentez vous de rêver ! ... image

Commentaire n°1/2

Remonter Posté le 03/07/2006 par ΩCherrydean

 
Ça fait drôle de lire
Citation :
A star is born. Mais cela, c'est une autre histoire, celle que racontent à ce jour huit albums passionnants.

quand on sait qu'aujourd'hui c'est de 24 albums dont on parle.
 
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Deux roses sur une branche... la première se fana et mourut... l'autre n'y survécut...