De Lôghar à Gobol

Article posté par +Hallberg.
Paru le vendredi 20 octobre 2006 à 12:57
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De Lôghar à Gobol



 

XXI

 

 

Je me posais des questions sur le devenir de Lôghar. Je me demandais si ses parents avaient fini par le guérir, et comment il en était sorti. J’ai maintenant la réponse. Je suis vivant, mais je reconnais bien en moi certaines séquelles de la maladie que j’ai contractée durant mon enfance. Tout s’explique ou presque. Mes différences avec les autres enfants. Ce qui fait que je suis si « bizarre » aux yeux des autres Vinéens, et que je n’y ai pas vraiment ma place. Comment pourrais-je être chez moi, alors que ma vie est un mensonge depuis le début ? Comment puis-je me sentir bien, alors que je n’aurais jamais dû être là ? J’ai survécu grâce à l’amour de mes parents, qui sont morts avant que j’aie eu la chance de les connaître. Et d’après leurs réalisations (et ma « mère » et moi en sommes les principales), ils étaient brillants, puisqu’il m’a fallu si longtemps pour comprendre... L’éducation donnée par ma mère était, et maintenant, je comprend pourquoi, exempte de tout sentiment. Aucune faille, aucun désir autre que ceux ordonnés par les besoins physiologiques. Aucun amour non plus, aucune tendresse, aucun sentiment... Elevé par un robot, j’ai fini par devenir comme elle, par me comporter comme elle, rationalisant tout, analysant tout, disséquant chaque problème jusqu’à tout comprendre... Je ne

suis plus un Vinéen. La part vinéenne est morte lorsque j’étais enfant. Lôghar, finalement, ne s’est jamais réveillé de sa longue léthargie. C’est Gobol qui s’est réveillé suite à la réussite du traitement mis en place par l’androïde. Pas étonnant que j’aie cherché toute ma vie à créer l’être parfait... Je n’avais que ça sous les yeux : la perfection créée par Zortha, ma mère, pour me sauver de la maladie d’abord, puis pour me servir de mère au décès de celle qui m’avait fait naître...
Je suis un non Vinéen. Ma place est avec mes machines. Ma seule consolation est que j’ai l’éternité devant moi pour réécrire mon histoire. A ma disposition, j’ai mon troisième vaisseau, qui me permettra de rejoindre mes parents, Arkhan et Zortha. Il me donnera la possibilité de réécrire mon histoire et celle de mes parents. Aurai-je un jour fini cette quête ? Parviendrai-je à me réconcilier avec moi-même, avec cette histoire qui malgré tout est la mienne ? Puis-je vivre en faisant abstraction de cette étrange histoire familiale ? Kifa est opérationnelle depuis quelques temps maintenant. Mes petits anges gardiens semblent remplir toujours leur mission. Mais j’ai pu capter récemment des conversations à leur propos qui ne m’ont pas beaucoup plu. Il semblerait que mes petits guides soient un peu trop indépendants et critiques au goût des dirigeants de Vinéa. Que vont-ils faire ? Vont-ils les reprogrammer ? Les dénaturer ? Après tout ce que j’ai fait pour eux... Ils n’ont pas voulu de Kifa. J’ai pourtant tout fait pour m’intégrer, pour appartenir coûte que coûte à ce peuple. Suis-je encore l’un des leurs ? Finalement, les derniers liens qui me rattachent à Vinéa, ce sont ces petits robots... Si on coupe cette attache, on me coupe des enfants, de l’avenir de mon monde. Ma vie aura-t-elle encore un sens ?

 

Les enfants de Vinéa sont tout ce qui me reste. Eux seuls peuvent encore donner du sens à cette vie...

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