Entrevue Cocktail

Article posté par ΨYoko.
Paru le dimanche 23 mars 2008 à 00:41
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Entrevue Cocktail



davantage pour la lectrice que pour le lecteur, en y adaptant les éléments d'une certaine littérature classique tout en y mettant également une frontière. C'est l'album qui remporte le plus de succès. J'aime bien choquer de temps à autres. On m'a reproché ses toilettes, surtout ses robes de nuit, je ne peux quand même pas l'habiller avec un passe-montagne lorsque la nuit elle va se coucher. J'aime relancer la discussion comme on le fait maintenant. Je ne veux pas appartenir à un cas cliché Yoko. J'ai également choqué avec "La lumière d'Ixo". C'était très différent, très technique. Le prochain album permettra au lecteur et lectrice, amateur de S.F. de se réjouir. On y retrouvera les Vinéens, et plus précisément sous l'eau.
C- Dû à la simplicité du dessin de vos visages, on ne reconnaît vos personnages secondaires que d'après la position des poils sur leur visage.
RL- (Rires) Il faudrait voir sous leur barbe (rires). C'est vrai, on m'a déjà reproché que tous les méchants étaient barbus et pourtant dans "La Proie et l'ombre" il y a un barbu qui n'est pas méchant du tout... Mais c'est peut-être un fait. Je vais faire beaucoup plus attention à l'avenir. J'attache un peu trop d'attention aux personnages principaux. C'est possible qu'il y ai vraiment quelque chose à surveiller. C'est possible.
C- Vous vous êtes défait rapidement de vos influences. Que pensez-vous des dessinateurs qui persistent dans le style d'un autre?
RL- Ce qui marche en général on le copie. Officiellement on peut dire que j'ai fait du Jacques Martin, mais lorsque j'ai quitté le studio Hergé, j'ai joué mes billes. Mes décors sont maintenant à moi. Je ne fait pas du Hergé, mais j'ai quand même un bagage grâce à lui. Je suis dans la continuité d'Hergé. Lorsqu'un dessinateur, je pense à Bob De Moor, a consacré toute une vie au service d'un homme comme Hergé, on ne peut lui reprocher de calquer son style, puisqu'il a tout sacrifier pour l'autre. Le cas de Chaillet qui dessine les histoires de Lafranc est différent. Martin a voulu que je dessine Lefranc, j'ai refusé. Il est préférable de ne pas refaire une deuxième fois ce qu'on a fait. Je crois que Chaillet devra un jour sortir de son influence. Je ne dis pas qu'il fait du sous-Martin mais que s'il continue, il aura un jour le problème de s'insérer dans la créativité. C'est comme pour Peyo, il a formé beaucoup de monde qui dessine encore comme lui et qui devront eux aussi un jour se dégager de l'influence.
C- Les décors dans "La Proie et l'ombre" créent de nouveaux rapports entre les personnages et l'action, s'occupant principalement à ralentir celle-ci.
RL- J'ai voulu à la fois une surcharge de

décors et des endroits dépouillés. Dans la chambre de Cécilia, il y a surcharge, les rideaux étouffent les bruits, les tentures répondent au caractère anglais, ils donnent une ambiance irréelle. Cécilia, c'est une fille qui passe entièrement sa vie dans sa chambre. Elle a besoin de beaucoup de choses. Si c'est vide, vous allez tout de suite repérer ce qu'il y a ou pas. Dans cette histoire, ce n'est pas l'action des personnages qui a la priorité, c'est plutôt l'ambiance, une ambiance lourde qui joue. Une ambiance lourde, comme lorsque Yoko comme une caméra se promène à droite, à gauche. Yoko vit cette aventure beaucoup plus par le mental. Elle pense beaucoup. C'est un monde de silence. Elle se parle à elle-même. Déjà de cette façon elle ralentit la lecture. Elle est seule. Elle n'a pas envie de courir parce que personne ne l'entraîne.
C- Vous avez dit tantôt que la treizième aventure se passerait sous l'eau en compagnie des Vinéens, vous avez également annoncé au Salon du livre de Québec que la quatorzième aurait comme point de départ la ville de Québec.
RL- Le tout débutera au Salon du livre où Yoko, en compagnie de Vic (Vidéo) et de Paul (Pitron), fera un repérage pour la télévision. Elle se disputera un peu avec Lorenzo (l'organisateur du salon) entre autre elle lui demandera un peu méchamment s'il existe des prises de courant dans l'établissement. C'est peut-être une façon de reconnaître l'amitié que j'ai reçu et évidemment de faire connaître qu'il y a un Salon du livre à Québec.
C- Vous avez travaillé au studio Hergé, y aura-t-il un jour un studio Leloup?
RL- Je ne crois pas. Je viens de signer un contrat avec les Japonais pour cinquante-deux films de trente minutes, vingt-six obligatoires avec Yoko pour héroïne. Le tout se fera au Japon. Je n'y

travaille pas malgré que j'aie gardé certains contrôles. Je remets des synopsis c'est tout. C'est une adaptation de mon œuvre en dessins animés. Je n'ai pas le droit de priver les gens en empêchant mes personnages de partir par simple vanité personnelle. Lorsque le personnage atteint une certaine popularité, l'auteur en perd (légèrement) le contrôle. J'ai toujours dit que Yoko ne partirait à la conquête du monde que lorsqu'elle retournerait au Japon. J'espère qu'elle va y faire des siennes et les Japonais sont bien décidé à lui en faire faire. J'ai vu un film pilote, il y avait plus de bien que de mal. Ils n'ont pas lésiné sur certaines animations. Quant à la réalisation de la bande dessinée Yoko, je la fait entièrement seule. Sauf pour le coloriage où Béatrice du studio Léonardo transpose à la gouache mes indications de couleur. Comme je sais ce qu'est travailler dans l'ombre, je ne veux y laisser personne. Le métier de coloriste est un travail astreignant où l'on est toujours dépendant des dessinateurs. Mais je ne vois pas pourquoi je me ferais aider. J'aime bien raconter et dessiner mon histoire seul, évidemment si un jour je suis incapable de dessiner, peut-être je la laisserais dessiner par quelqu'un d'autre, mais alors je perdrai ma plus grande joie. Même Hergé avec le nombre d'années n'a jamais laissé dessiner son personnage Tintin par d'autres. Alors lorsqu'on annonce que Hergé sortira un album prochainement, je me demande comment. Il est malade, enfin il allait un peu mieux, il a des hauts et des bas, j'espère plus de hauts que de bas et qu'on verra cet album bientôt, tant qu'à moi.
1. Si vous voulez savoir tout sur n'importe lequel sujet, demandez-nous le à Cocktail.
2. Nous remercions Monsieur Denis Marceau pour nous avoir facilité le contact avec Monsieur Leloup.

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Commentaire n°1/1

Remonter Posté le 25/03/2008 par frac

 
Y'a pas à dire, c'est toujours un plaisir de lire une interview de Roger Leloup et même si celle-ci date un peu, malgré tout on apprend toujours quelque chose de nouveau. Merci à Cocktail et R. Gendron.
Par contre je m'interroge sur ce 14e album qui aurait dû débuter à Québec ? Changement de programme ou plaisanterie ?
frac
 
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Si tu te frappes la tête contre une cruche et que ça sonne creux, n'en déduis pas forcément que c'est la cruche qui est vide...