Fred Belmont
 Titan


Nombre de posts: 493 Inscrit(e) le: 28 octobre 2003 |
mardi 30 septembre 2003 à 16:48 En dépit d'un style de dessin très réaliste, Yoko Tsuno souffre parfois d'idées invraisemblables dans ses divers récits. Outre la Civilisation Vinéenne et le Translateur temporel qui sont des concepts de science-fiction pure et dure, je suis moi-même frappé par certains détails qui s'avèrent... surréalistes!
A mon grand regret, je connais très peu Message pour l'Eternité, que j'ai dû survoler une fois ou deux dans ma jeunesse! Mais tel que nous connaissons l’Afghanistan, nul ne peut y survivre en emite sans aide extérieure : le savant aura forcément côtoyé des autochtones.
Dans "L'Astrologue de Bruges", par exemple, comment se fait-il que le Marquis de Torcello et son complice Van Laet traversent les siècles sans vieillir d’un iota? Seraient-ils tous des des immortels de la veine de Christophe Lambert ou bien puiseraient-ils leur éternelle jouvence dans je ne sais quelle léthargie vinéenne? L'album se focalise sur le fléau de la peste mais pas suffisamment sur l'étrange elixir de longue vie dont Torcello et Van Laet bénéficient!
La "Spirale du temps" est distrayant mais n'explique en rien l'origine (terrestre ou non) de la Méduse Géante! Les Ptéranodons Géants de « Le Matin du Monde » ont peut-être existé en 1350 mais les femmes des tribus locales ne portaient aucun soutien-gorges à cette époque (page 22).
Mais pour en revenir à la colonisation de la Terre par les Vinéens, je m'étonne moi aussi de leur enfouissement de 40 000 ans. "Les 3 Soleils de Vinéa" nous fait comprendre que Khany et Poky sont deux jumelles réveillées à 15 ans d'intervalle et donc, qu'elles n'étaient pas les premières Vinéennes à ouvrir les yeux sur Terre! Il est étrange qu'une civilisation aussi évoluée (même dotée d'intentions pacifiques) laisse tranquillement les hommes préhistoriques se développer pour aboutir à notre civilisation moderne de 6 milliards de Terriens! Si vous voulez mon avis, les Vinéens ont profité de notre faible degré de développement pour faire des allers et venues en plein jour dans notre ciel : ainsi, ils seraient à l'origine des premières observations d'OVNI. Mais ce n'est qu'une hypothèse! Pour le savoir, il faudrait que Yoko et monya remontent conjointement le temps à l'époque des Mammouths et explorent la grotte de Lascaux : elles auraient bien des surprises!
Ce qui est plus contestable, en revanche, c'est la présence du satellite artificiel des Vinéens en orbite autour de Saturne : normalement, nos sondes interplanétaires et télescopes spatiaux auraient dû le découvrir (à moins que les Vinéens l'aient, depuis, déplacé je ne sais où).
Si le voyage intergalactique supra-luminique fascine les Terriens et trouve une explication rationnelle par Khany dans l'album N°6, vous remarquerez que plus personne ne s'étonne que le vaisseau spatial jaune et blanc des "Exilés de Kifa" dépasse la vitesse de la lumière douze albums plus tard (page 25)! Et la théorie d'un accélérateur de particules intégré ne parvient pas à tout expliquer! Nous venons de votre futur! |
Lucterios
 Spirale du Temps


Nombre de posts: 6827 Inscrit(e) le: 28 octobre 2003 |
mardi 30 septembre 2003 à 19:16 Je crois que toutes ces petites invraisemblances et ces non-dits font partie du charme de la série. Dans [/i]la fille du vent[i], Yoko a cinq ans dans l'immédiat après-guerre. On peut donc supposer qu'elle est née pendant la guerre. Or dans [/i]la spirale du temps[i], la mère de Yoko a 13 ans en 1943. Evidemment, la scène où Yoko rencontre Aoki a pu se dérouler dans les années cinquante, mais je n'en crois rien. Je n'ai pas lu [/i]l'écume de l'aube[i] et je le regrette, peut-être y a-t-il d'autres informations à ce sujet ?... Mais toutes ces petites invraisemblances font que l'on peut rêver sur la série. Quel âge a vraiment Yoko ? Peut-être est-elle réellement née le 25 décembre 1969, après tout ? Toujours dans [/i]la spirale du temps[i], le fait que l'on ne sache rien de l'origine de l'entité extra-terrestre présente dans la montagne du dragon nous permet d'échaffauder de multiples hypothèses. D'où vient-elle et que fait-elle sur la terre ? Il reste que la série ne se passe pas dans la réalité telle que nous la connaissons, mais bien dans le domaine du rêve. Comment se fait-il par exemple que les expériences sur Magda dans [/i]la frontière de la vie[i] soient restées secrètes après la chute du mur de Berlin et la réunification allemande ? Non, nous sommes clairement dans le domaine de l'imagination, ce à quoi le dessin réaliste de la série ne nous prépare pas, je vous l'accorde. Fortuna audaces juvat !
|
zorglub
 Fils/Fille du Vent


Nombre de posts: 82 Inscrit(e) le: 28 octobre 2003 |
jeudi 2 octobre 2003 à 21:36 Il n'y a pas 36 solutions si on veut accorder le réalisme chronologique de la série au réalisme du dessin. - Soit l'auteur part du principe qu'il va raconter l'histoire d'un personnage dans un laps de temps bien défini. Il établit alors "un plan de carrière" précis de son personnage par exemple sur une trentaine d'année en allant même, pourquoi pas, scénariser jusqu’à sa mort.
Jean Giraud et Jean-Michel Charlier ont fait cette démarche pour Blueberry, on sait même que celui-ci mourra de sa belle mort dans son lit dans les années 1920 (finalement le Colt et le tord-boyaux conservent bien!). Cela permet de caler un réalisme parfait ; le personnage évolue il vieillit, peut se marier, maigrir, grossir etc… écueil : on se demande comment un mec tous seul peut supporter de vivre autant d’aventures si trépidantes dans si court laps de temps, surtout si plusieurs auteurs s’y mettent (voir encore les multiples aventures de Blueberry). Quand on pense qu’on est censé bosser que 35 heures !!! Autre écueil c’est triste de savoir que son personnage favori va mourir. Mais c’est le prix du réalisme
Si on applique cette hypothèse pour Yoko on pourrait alors caler son « existence » dans la décennie 1970/1980 qui, à mon sens lui correspond le plus. Comme on l’a déjà fait très justement remarquer dans un précédent forum c’est ce qu’on fait Vandamme et Benoit quand ils ont repris la série des Blake et Mortimer. Ils les ont replacés dans la période la plus faste pour la série, à son apogée : les années 50. Si on fait évoluer des personnages sur une décennie on ne s’embête plus à les faire vieillir et on évite l’anachronisme vestimentaire identificateur mais ô combien décalé ( ah ! Ah ! ah ! Mortimer en nœud pap’ s’écriant « By jove » dans le Japon de 1972, ou encore le célèbre pantalon de golf du petit reporter belge, ou encore l’habit de groom de Spirou etc…
De plus un auteur de par sa génération, ses connaissances et ses goûts est plus en osmose avec une époque qu’une autre. Roger Leloup n’avait certainement pas prévu que sa petite électronicienne japonaise bien ancrée dans les années 70 aurait une si longue carrière.
-La deuxième méthode de narration consisterait à se fiche complètement de l’époque. Le personnage devient alors un témoin ; un fil conducteur. Il n’y a plus de contingence matérielle. Il évolue dans ses aventures, en pleine possession de ses moyens, au gré des besoins de chaques épisodes. Il devient immortel. A la manière d’un Corto Maltese par exemple.
Yoko est un peu ce genre de personnage quand elle évolue chez les Vinéens ou dans le temps.
Le problème ne se pose que dans ces aventures terriennes. En fait si on est soucieux d’hyper réalisme on peut se dire que yoko vit dans les 70 et que grâce au translateur elle peut faire des bonds dans son avenir proche (malgré ce qu’en dit Monya) pour vivre des aventures s’inspirant de fait contemporain (le 11 septembre comme il semble !) En gardant ses réflexes 70 (habillement, coiffure, non-usage de portable, méconnaissance de l’informatique etc..)
C’est pratique une machine à voyager dans le temps ! CQFD
|
CGK
 Frontière de la vie


Nombre de posts: 47 Inscrit(e) le: 28 octobre 2003 |
jeudi 2 octobre 2003 à 21:55 Oui, c'est vrai que le réalisme laisse un peu à désirer, mais on ne se pose pas vraiment la question en lisant, puisqu'on est pris dans la magie de l'histoire. Le seul album qui m'ait amené à réfléchir sur le réalisme, c'est le dernier, puisqu'il n'a rien de magique. Ce fichu dragon robotisé qui squatte la Chine moyen-âgeuse, non seulement ce n'est pas crédible d'un point de vue historique, mais pire, aucun personnage ne s'est interrogé sur sa provenance. Bon sang, Yoko aurait-elle à ce point vécu d'aventures qu'elle ne s'étonne plus de rien ?
Les idées sont comme le pétrole : elles jaillissent en flot continu, mais il faut les raffiner pour pouvoir en profiter. |
Lucterios
 Spirale du Temps


Nombre de posts: 6827 Inscrit(e) le: 28 octobre 2003 |
mercredi 8 octobre 2003 à 12:51 Oui, c'est vrai que la tendance à effacer les personnages secondaires, comme Khâny ou Monya, pour en rajouter de nouveaux est exaspérante...Dans le prochain opus, qui se passera sur la terre, on ne verra pas Khâny. Monya ne sera pas là puisqu'il ne s'agira pas d'une histoire temporelle. Par contre, on subira Mieke et Rosée du Matin, personnages qui, à mon avis, n'apportent rien à la série. Peut-être Leloup a-t-il vu trop grand, à force de rajouter des personnages ? Fortuna audaces juvat !
|
Pol
 Fils/Fille du Vent


Nombre de posts: 68 Inscrit(e) le: 28 octobre 2003 |
mercredi 5 novembre 2003 à 14:25 Zorglub : je suis un peu étonné de voir Corto Maltese débarrassé de toute contingence matérielle (c'est à dire temporelle) : au contraire, Hugo Pratt s'est scrupuleusement arrangé, au contraire de beaucoup d'auteurs, pour imbriquer son héros et ses aventures dans un contexte temporel très strict entre 1913 et 1925, à tel point que les biographes de Corto peuvent retracer sa vie, année après année, sans que les histoires qu'il vit ne se chevauchent et se contredisent. Comme exemple de héros, je verrais plutôt Alix... et Yoko, le personnage intemporel qui ne vieillit jamais, bien qu'ancré dans les années 70, d'où des contradictions parfois, comme lorsque Leloup commet l'erreur de vouloir situer "La pagode des brumes" au XXI° siècle (problème soulevé, au même titre que l'âge des personnages, dans le lien de discussion "Le visage de Yoko").
Je souscris à l'effacement des personnages secondaires que je déplore moi aussi. Cela dit, les deux derniers albums ajoutent une nouvelle sorte de dépaysement autre que la planète Vinéa et contribuent par ce fait à la diversité de l'oeuvre de Leloup. Quant au dragon de "La pagode des brumes", c'était un choix que de ne rien révéler sur sa nature, et de le laisser baigner dans l'optique qu'en avaient les Chinois du XI° siècle : un être fabuleux, de légende, qui baigne leur imaginaire : l'album y perd en science, mais y gagne en poésie.
Pour le réalisme, chacun trouvera quelque chose qui le perturbe, et avec raison je suppose. Pour ce qui est de Van Laet et du marquis de Torcello, le motif de leur survie a bien été évoqué : un élixir de vie. Mais cela ne tient pas la route, et l'auteur mélange les genres (un thème surnaturel à coté d'un thème scientifique qui est le translateur de Monya). Mais essayons un moment de nous mettre à la place d'un auteur car la critique (du lecteur) est aisée : Leloup compose ses albums comme un artiste, pas comme un ordinateur chargé de répérer les incompatibilités techniques ; il s'efforce d'être réaliste, mais tenter d'imiter la réalité à la perfection pour un artiste est un peu vain : il doit jongler avec beaucoup trop de paramêtres pour cela et son but est avant tout de divertir pour peu que l'on ne soit pas trop pointilleux. Les irréalismes sont légion dans la BD, et l'essentiel pour le lecteur est d'y trouver la part de rêve qu'il y cherche. Leloup a dû se dire ce jour : "Il faut que Torcello et Van Laet aient survécu jusqu'au XX° siècle ; comment faire ? Le translateur ? Non, Monya en a les brevets exclusifs !Allez ! Je vais leur refiler un élixir d'immortalité, puisqu'ils fricotent avec l'alchimie !" C'est tout : c'était un procédé, imparfait certainement, mais une fiction n'est en définitive qu'une somme de procédés plus ou moins réussis. Ce n'est point la valeur des choses qui a de l'importance, mais celle que le coeur leur attribue. |
Kaldorion
 Message pour l'Éternité


Nombre de posts: 11809 Inscrit(e) le: 26 janvier 2004 |
jeudi 6 mai 2004 à 09:19 Désolé de faire remonter un vieux sujet, où les "anciens du site" avaient eu une discussion vraiment passionnante alors même que je n'étais pas encore présent ici.
Je vais essayer d'apportes ma pierre au débat, qui a parfois ressurgi au hasard d'un sujet.
Il faut à mon avis séparer deux choses, d'un coté le "réaliste", de l'autre le cohérent et le justifié. Que les aventures de Yoko ne soient pas "réalistes", c'est un fait. Une invention comme le translateur, ou une substance comme le Vinadium en sont des exemples. de telles inventions sont "improbables" du point de vue de la physique. La cohérence et les justifications sont une autre chose. Globalement, pour une bande dessinée de Science fictios, Leloup est cohérent et logique, même si il y a des gros "oublis", des grosses erreurs, comme l'affaire de Monsieur Smith, à qui on ne voit aucune plantation, aucun élevage d'animaux destinés à êtres mangés. Pour moi, l'auteur a carrément "oublié" de se justifier.
Sinon, pour moi, je suis loin de vouloir "oublier" ce genre de discussion, au contraire, que faisons nous sur ce site ? nous nous évertuons à trouver des explications, à imaginer ce que Leloup ne nous montre pas, et dont l'existence est parfois necessaire. Dans ce domaine, les aventures de Yoko sont championnes... on ne pourrait pas se poser le dixième de ces questions en lisant "Buddy Longway".
Mais, sinon, c'est comme dans de nombreux domaines, il faut accepter des postulats de bases "irréalistes", comme la machine à remonter le temps, quitte à en donner ensuite une "Modélisation" cohérente, mais pas "réaliste" pour autant.
-Edité le: Jeudi 6 mai 2004 à 09:22 par Kaldorion- La vérité naît de la contradiction. Donner ses arguments, c'est reconnaître que l'on peut avoir tort.
l'art est un aliment pour la piété du pauvre peuple. Détruisez l'art, déformez le goût d'un peuple, et vous lui oterez sa piété. |
|